Description du projet
Théâtre Essaïon
Du 15 novembre 2022 au 31 janvier 2023
lundi et mardi à 19h15
https://www.essaion-theatre.com/
01.42.78.46.42
Image extraite de l’ouvrage « Le joueur d’échec » de David Sala chez Casterman avec l’aimable autorisation de l’auteur et des Editions Casterman
L’histoire
Sur un paquebot qui l’emmène en l’Argentine, le conteur en l’occurrence Stefan Zweig, rencontre plusieurs personnages remarquables. Le champion du monde Cvetkovic paysan sortie du fin fond de la Hongrie, exceptionnellement doué pour les échecs mais un abruti fini. Sa seule préoccupation dans la vie sont les échecs et surtout l’argent que cela lui rapporte. Le second personnage est plus mystérieux le Docteur B. Un homme cultivé, intelligent, qui raconte au narrateur son histoire terrifiante. Après avoir développé chacun des deux personnages Zweig les réunit pour une ultime confrontation. Une partie d’échec. Qui sera remporté par Cvetkovic.
Le jeu d’échec un prétexte
Le jeu d’échec n’est au fond qu’un prétexte qui permets à Zweig d’aborder une période dramatique de l’histoire européenne. Le nazisme.
Le personnage du champion du monde, dont la bêtise crasse est une splendide métaphore du nazisme. Son enfermement figuré par « cette planche à carreaux » ne lui permet plus de réfléchir, ni de discerner le monde qui l’entoure. Cvetkovic est une machine à jouer comme le nazisme est une machine à décerveler tout un peuple. Personnage génial devant un échiquier mais dangereux en dehors. C’est lui d’ailleurs qui sera le vainqueur lors de la mémorable partie d’échec qu’il engagera avec le docteur B .
C’est lui qui aura le dessus face à l’intelligence et à la raison représentés par ce Personnage mystérieux. Il nous raconte longuement comment il a échappé la déconstruction de sa pensée par les nazis passés maitres dans l’art de la torture « de sa destruction d’être humain » comme le raconte aussi Primo Levi dans Si c’est un homme. C’est à un manuel qu’Il doit sa survie, à un manuel d’échec qui lui a permis d’exercer son esprit et de ne pas tomber dans la démence.
Seul en scène
« L’espace vide permet d’éliminer tout ce qui peut rappeler l’imitation d’un lieu du monde, et de refuser la figuration. C’est un espace vierge où l’acteur peut reconstruire un univers autonome dans lequel il sera possible de recréer des signes caractéristiques »
(Bertolt Brecht)
L’art du conte
La nouvelle de Zweig est une leçon magistrale de l’art de conduire un récit, de tenir en haleine son lecteur et spectateur. Il maîtrise totalement l’art de conter. Tout y est : l’intrigue, l’esquisse des personnages, les péripéties, les coups de théâtre, les rebondissements, et une merveilleuse écriture synthétique qui est la marque de fabrication de Zweig. Chaque détail est au service du récit. C’est tout naturellement que j’ai décidé d’‘interpréter cette œuvre.
Rendre visible l’invisible
La création du Joueur d’échecs de Stefan Zweig, me permet d’approfondir mon travail de comédien-conteur, d’essayer de retrouver une sobriété corporelle et une acuité d’esprit. Rompre avec le spectacle spectaculaire et risquer le minimalisme de la narration et du jeu corporel ne se réalise que dans l’exercice périlleux du seul en scène. Pas de décor, quelques effets de lumière. Rendre visible l’invisible a toujours été mon idéal. Faire confiance à l’imagination du public et à son intelligence.
Sur scène, le comédien-conteur est capable de toutes les audaces. Il se doit de bousculer les conventions par l’invention de formes nouvelles, par la création de codes que le public doit comprendre rapidement afin que ce moment où acteur et public se rencontrent soit un véritable moment de partage. C’est pourquoi il doit maîtriser le plus grand nombre de techniques de jeu : théâtre du mouvement, mime, commedia dell’arte, etc. Son corps doit concentrer l’espace dans lequel il évolue. Un travail vocal lui permet de différencier les personnages.