Description du projet

Genèse

Fils d’immigré,  je suis particulièrement sensible à ces parcours de vie que nous racontent ces femmes et ces hommes qui quittent leur pays pour rejoindre un monde meilleurs. Je suis surtout fasciné par cette force mystérieuse qui les habite et qui leur permet d’affronter toutes les épreuves du « voyage ». Nous ne pouvons qu’être admiratif et fier de les accueillir. Ils portent en eux cette force de vie et d’espérance qui font souvent défauts aux jeunes occidentaux en mal de sens.  Ces immigrés sont pour nous un exemple de courage et de persévérance.

Déjà dans mon dernier spectacle De Pékin à Lampedusa j’abordais le thème de l’immigration en racontant l’histoire de Samia Uzuf, jeune athlète somalienne, disparue en mer Méditerranée en voulant rejoindre l’Europe. Le spectacle était interprété par une jeune actrice.

A la suite de la lecture du roman de Laurent Gaudé Eldorado  j’ai ressenti à nouveau le besoin d’aborder ce sujet et d’interpréter moi-même le texte.

J’ai senti que l’histoire de Soleiman me permettrait de retrouver la  forme épique que j’affectionne particulièrement.

 

L’histoire

A travers l’histoire de Soleima, Eldorado  évoque la question de l’immigration clandestine en provenance d’Afrique du Nord vers l’Europe.Un sujet grave non seulement par les questions géopoliques qu’on semble découvrir mais surtout par les drames humains qu’il provoque. C’est également le récit d’un long voyage initiatique semé d’embuches, de rencontres, d’épreuves à surmonter, qui permettront à chaque personnage d’atteindre son Eldorado.

De l’adaptation

Adapter est une recréation. Recréer, en respectant la quintessence du texte original. Ne pas trahir l’auteur mais être à son service. Donc le sublimer.

Dans l’adaptation scénique, j’ai supprimé le personnage du capitaine Savatore Piracci. Son attitude d’introspection psychologique, qui convient parfaitement au roman, me paraissait plus difficile à rendre au théâtre. Il m’a semblé que le conteur pouvait se substituer à lui et devenir la figure du monde européen.

Je tenais également à ce que jeunesse et force de vie des migrants transparaissent sur scène. Ce que l’on ressent à la fin du roman. Soleiman a 25 ans  il est originaire du Soudan et n’a qu’un rêve, quitter son pays et rejoindre l’Europe. Pour cela il est prêt à subir toutes les épreuves, faim, soif, coups, humiliations, cruautés, dont l’être humain est capable, pour atteindre l’Eldorado.

Lui même tout le long de ce périple acceptera cette loi du chacun pour soi. Il en subira les conséquences et se retrouvera dans l’obligation de faire des choix pour sa survie.

Le voyage est toujours un chemin initiatique.

La musique ponctue le récit. Un musicien joue du Bouzouki. Le bouzouki étant un instrument autant mélodique que d’accompagnement.

Ceuta Melila – Deux enclaves

L’Espagne exerce sa souveraineté sur Ceuta depuis 1580 et sur Melilla depuis 1496. Comme toutes les villes médiévales et en raison que les deux villes constituaient l’épicentre des conflits entre les puissances méditerranéennes, Ceuta et Melilla étaient entourées par des murs hauts et épais en pierre, destinés à les défendre contre les envahisseurs.

Des murs toujours plus hauts

1986, l’Espagne entre dans l’Union européenne. Ceuta et Melila deviennent alors des territoires européens enclavés en plein cœur du Maroc. Ces deux villes représentent de facto les frontières sud de L’UE

–  1989 : chute du mur de Berlin…

-1993 : construction du premier mur européen, la clôture autour de     Ceuta… sous prétexte de stopper l’immigration irrégulière.

-2005 : une double clôture est construite…8 kms, 316 policiers espagnols et 626 guardia civil. 37 cameras…hélicoptères…qui surveillent la frontière du côté espagnol et 300 soldats du côté marocain. Une verrue en terre marocaine…Les migrants arrivent encore à passer.

-2009 : renforcement de la clôture mais cela n’entame pas la détermination des migrants.

-2015 : on rehausse de 3 m la clôture elle passe à 7 m de haut…toujours plus haut.

-2017 :  500 immigrants réussissent à franchir les murs de fil de fer barbelé.

Aucune barrière ne pourra jamais empêcher des hommes et des femmes de rejoindre l’Eldorado…L’Europe !

 

L’auteur

Laurent Gaudé, dramaturge et romancier, La mort du roi Tsongor, prix Goncourt des lycéens 2002, Le soleil des Scorta prix Goncourt en 2004 Laurent Gaudé a fait des études de Lettres Modernes et d’Etudes Théâtrales à Paris. En 1997, il publie sa première pièce, Onysos le furieux, à Théâtre Ouvert. Ce premier texte sera monté en 2000 au Théâtre National de Strasbourg dans une mise en scène de Yannis Kokkos. Suivront alors des années consacrées à l’écriture théâtrale, avec notamment Pluie de cendres, jouée au Studio de la Comédie Française, Combat de Possédés, traduite et jouée en Allemagne, Médée Kali, jouée au Théâtre du Rond-Point, Les Sacrifiées, créée au Théâtre des Amandiers à Nanterre, Caillasses, créée au Théâtre du peuple à Bussang, ou Danse, Morob, créée à Dublin.

Eldorado Publié en 2006 aux éditions Actes Sud

 

Comédien / Conteur

Depuis plus de 20 ans, Gilbert Ponté travaille d’une manière toute personnelle le spectacle solo. Au fil des ans, il a créé son style de narration qui se rapproche du « théâtre récit » qu’on trouve spécifiquement en Italie, et dont il existe peu d’équivalent en France. Il s’agit de spectacles populaires et didactiques dont l’initiateur fut Dario Fo. Le comédien y affirme un corps parlant dans un espace vide.

La démarche artistique de la La Birba Cie qu’il dirige, s’est développée autour de son travail artistique et de ses nombreuses créations seul en scène, par exemple : « La ferme des animaux » d’après George Orwell,  fable politique et rude diatribe contre les totalitarismes ; « L‘enfant de la cité » de Gilbert Ponté, spectacle qui raconte l’immigration des italiens d’après-guerre ; « Francesco, le Saint jongleur François » d’après Dario Fo, qui décrit la vie de Saint-François d’Assise. « Michael Kohlhaas, l’homme révolté » d’après une nouvelle de Heinrich Von Kleist, la dernière création solo de Gilbert Ponté, qui traite de la justice, s’inscrit dans cette continuité.